Condor, Caryl Ferey




Caryl Ferey, né à Caen, le 1er juin 1967, est un auteur de roman policier. Ce grand voyageur, à vingt ans avait déjà fait le tour du monde, travaillant, parfois, pour le Guide du routard. Ses souvenirs l’ont marqué, sans aucun doute. Aussi, nous propose-t-il un thriller dans le cadre oppressant du Chili imprégné pour longtemps par la tragédie qui l’a frappée. Le plan Condor fut en fait une campagne d’assassinats et de lutte antiguérilla conduite par les services secrets du Chili, d’Argentine, de la Bolivie, du Brésil, du Paraguay et de l’Uruguay. Elle ouvrit la porte à tous les excès, à toutes les tortures.

Le roman de Caryl Ferey se place alors que la dictature de Pinochet vient de se terminer. Pour autant que sont devenus les tortionnaires ? Le décret-loi d’amnistie, adopté en 1978, exonérait de leur responsabilité pénale l’ensemble des personnes accusées d’avoir commis des violations des droits humains entre le 11 septembre 1973 et le 10 mars 1978. Couverts par cette impunité pour quelles raisons n’auraient-ils pas poursuivi leurs actions dans le monde de l’argent facile, de la drogue et de la corruption ? Sur les pas d’Esteban, le fils de famille bourgeoise et de Gabriella, jeune mapuche victimes d’un amour impossible.

Ce roman m’a demandé de mieux comprendre le drame sud-américain, la terreur qu’il inspira, la misère des uns, la richesse des autres, le dégoût que peuvent ressentir les Estéban chiliens et le désir de vivre autrement de la jeune Gabriella. Il n’est point nécessaire de publicité pour vous faire dévorer ce livre, un simple conseil de lecteur suffira.


Publié par Jacques

Brooklyn, Colm Tóibín






« Un petit chef-d’œuvre d’une rare virtuosité… un superbe roman sur l’exil et le désir d’une femme. » Tel est le commentaire d’Alexandre Fillon, journaliste au magazine LiRE, sur la 4ème de couverture du roman. La première partie de sa phrase est fausse, la seconde est vraie.

Colm Tóibín est irlandais, né en 1955 dans le Comté de Wexford. Journaliste est écrivain de renom, il a reçu de nombreux prix qui couronnent son statut d’écrivain irlandais contemporain important. Brooklyn écrit en 2009 traite des thèmes de l’exil, de la nostalgie et de l’amour. Années 1950, New York, terre d'exil et terre promise, s'étend à l'horizon. Alors qu'elle quitte l'Irlande pour travailler à Brooklyn, la jeune Eilis se perd dans cette ville anonyme. Mais bientôt, un drame la rappelle à son pays natal. Déchirée entre deux mondes, entre l'enfance et l'avenir, quels choix fera-t-elle pour imposer sa voie ?



« Jusqu'à présent, Eilis avait toujours cru qu'elle vivrait toute sa vie, comme sa mère avant elle, dans cette ville où elle était connue de tous; elle avait cru qu'elle garderait toute sa vie les mêmes amis, les mêmes voisins, les mêmes habitudes, les mêmes itinéraires. Elle avait imaginé qu'elle trouverait un emploi en ville et que, par la suite, elle épouserait quelqu'un et laisserait son travail pour élever ses enfants. »



Nous suivrons le destin d’Eilis et, non sans émotion, sa déchirure entre deux pays, deux cultures et deux histoires. Alors pourquoi ce n’est pas un chef d’œuvre ? D’abord, bien que travaillé, le style de l’auteur pêche par sa simplicité et manque de poésie. Ensuite, la construction narrative du roman est plaisante, suivie avec plaisir, mais n’est pas particulièrement remarquable. Si c’est la complexité que vous recherchez, passez votre chemin.


« Personne de sa famille ne pouvait l'aider. Elle les avait tous perdus. Ils ne seraient jamais informés de ce qu'elle endurait en ce moment; elle n'en parlerait pas dans ses lettres. Et pour cette raison, comprit-elle, ils ne sauraient plus jamais vraiment qui elle était. Peut-être ne l'avaient-ils jamais su, songea-t-elle aussitôt après. Car si ç'avait été le cas, ils auraient deviné ce que départ signifierait pour elle. »


Mais pourquoi Brooklyn est quand même un superbe roman ? Le personnage d’Eilis est parfaitement crédible, touchant, émouvant, Colm Tóibín a su rendre en mots l’âme d’une jeune femme irlandaise émigrée aux Etats-Unis. Même si nous aurions apprécié un texte plus poétique, pour ce qui est de nous transmettre les émotions de l’héroïne, l’écrivain irlandais est plus que doué. La seconde partie du roman est très réussie et sa lecture vaut à elle seule de se lancer. Il se dégage de l’ensemble du texte, allant crescendo, une nostalgie parfois douce parfois déchirante mais toujours juste et touchante.


En résumé, Brooklyn est un beau roman qui cache sous une apparence simple et un peu classique une histoire émouvante et une héroïne marquante.

Publié par Lux