La Vie devant soi, Émile Ajar, Romain Gary

C'est non pas le récit qui m'a fait commencer La Vie devant soi mais plutôt l'histoire autour de ce livre. Pour ceux qui ne savent pas Romain Gary a réussi l'impossible, à savoir remporter deux fois le prix Goncourt. Une première fois avec Les Racines du ciel en 1956 et une seconde fois avec La Vie devant soi en 1975. Il a écrit ce dernier sous le pseudonyme d'Émile Ajar, d'où le tour de force. Je me suis dit que forcément cet écrivain devait avoir quelque chose en plus et que ce roman devait être spécial.

Quel grand livre ! Je vais essayer de ne pas trop en faire pour que vous ayez encore envie de le lire.

Je l'ai lu en moins de 48 heures, j'étais dans cet univers parisien où vit Momo, enfant abandonné par sa mère prostituée et confié à Mme Rosa, ancienne prostituée elle-même, qui s'est recyclé en nourrice. Le récit, qui se déroule sur plusieurs années, nous immerge dans leur quotidien et fait évoluer ces personnages au gré du temps.

L'écriture fait presque tout. Elle est drôle, imagée et évocatrice. À chaque page j'ai relevé des mots ou des phrases qui tantôt me faisaient rire, tantôt me laissaient pensive, pleine d'admiration. Il faudrait lire ce roman à haute voix pour s'imprégner davantage de cette plume si singulière.

Les personnages sont extrêmement touchants et pleins de vie malgré leurs conditions plus que difficiles. À travers les yeux de Momo, le récit balaie pas mal de questions tabous comme le racisme, la religion ou l'euthanasie. Ce qui fait la force de ce roman c'est justement que c’est un enfant qui n’a pas reçu d'éducation qui traite ces sujets. C'est donc plein de bons sens, jamais dans le pathos et toujours drôle.


J'ai trouvé ce livre brillant et j'ai hâte de le relire pour apprécier davantage toutes ses subtilités.

 Publié par Coraline