Philippe Labro, né à Montauban le 27 août 1936, est
un journaliste français, écrivain, réalisateur, homme de télévision et auteur
de chansons. Grand reporter pour Franc-Soir,
reporter militaire pendant la guerre d’Algérie, c’est un homme prêt à couvrir
les grands évènements comme l’assassinat de J.F.K. C’est un homme qui aime
témoigner que ce soit par la plume, la radio, la télé ou le grand écran. Il se
veut témoin de son temps. Aussi, en 1996, il publiera un roman, La Traversée, né
de son expérience de « mort imminente » qu’il connut suite à un double
problème : un œdème du larynx lié à une pneumopathie foudroyante.
Philippe Labro, avec les mots simples d’un reporter
de terrain, nous fait vivre, en 297 pages, le combat qui fut le sien, durant
dix jours, au cœur du service de réanimation de l’hôpital Cochin, à la suite de
comas. Il lui faudra six semaines d’hospitalisation avant de revenir
progressivement, enfin, à la vie, auprès des siens, qui le laisse en 1994 six
semaines à l’hôpital Cochin dont dix jours dans le service de réanimation à la
suite de comas.
Durant dix jours pendant
lesquels il vécut (mais est-ce le mot approprié ?) l’expérience de la mort
imminente (EMI). Dix jours d’isolation totale
dans un autre monde, bardé de tuyaux, sanglé sur son lit autour duquel un monde
s’agite ; ces soignantes qu’il reconnait, qu’il identifie et auxquelles il
porte une réelle affection, « les
infirmières de la réanimation sont devenues les femmes les plus importantes de [mon]
existence. ». Il passera par toutes les phases reconnues : le
combat de chaque instant scandé par deux voix intérieures qui le hantent :
la voix de la tentation de la mort et la voix de la lutte pour la vie. Il
retrouvera sous ses yeux la totalité des êtres qu’il a aimés, ces entités
spirituelles qui lui rendent visite et qui tentent de lui faire accepter de les
« rejoindre ». Et puis, il y a la mort, cette mort qu’il veut
combattre, mais, avec quelles armes. Il y a les poèmes qu’il se récite, le rire
intérieur : « Rigole,
ricane-lui au nez. Tu vas t’en tirer. » Il y a encore les insultes qui
lui procure un semblant de vigueur. L’emploi des mots grossiers le stimule et,
surtout, empêche le retour de la voix de la mort. Et puis, il y a la décorporation
qu’il nous fait vivre en devenant
une caméra qui travaille en « plongée ». Reporter de la vie, il ne
pourra échapper à une derrière plongée dans le tunnel mais un tunnel qui n’a
plus rien d’effrayant. Au contraire, il devient de plus en plus lumineux. Plus
de souffrance mais une sensation de paix inconnue et d’amour indéfinissable.
Des formes informes, des contours, des lignes dessinées.
Tout cela reste vivant, comme un reportage, un
travail d’investigation que Philippe Labro connait bien. Nous ne baignons pas
dans la spiritualité. Nous vivons avec lui cet appel mortifère, nous tombons
avec lui dans le trou noir. Seul le besoin d’amour stoppera sa chute. Six jours
de douleurs avant le retour victorieux, avec des images plein la tête et un
livre à venir qui marquera nos esprits. Pour ma part, je ne saurais l’oublier.
Un livre riche en informations, en espérance et que
l’on ne peut que lire dans la foulée.
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