Ecrit en 1993 par Jeffrey Eugenides, ce roman raconte (le titre est le meilleur
synopsis) les suicides de cinq sœurs ou plus exactement la genèse de ces
suicides.
Jeffrey Eugenides, américian de 55 ans né à Detroit est un écrivain qui
cultive sa rareté. Un roman tous les 10 ans et à chaque fois un coup de maître.
Virgin suicides d’abord, en 1993, adapté au cinéma par Sofia Coppola. Middlesex
ensuite qui obtiendra le Pirx Pullitzer puis Le Roman du mariage.
Roman étrange, aussi fascinant que passionnant, Virgin Suicides dérange. Jeffrey
Eugenides crée une ambiance qui oscille quelque part entre le glauque et la
grâce, il mêle même les deux avec une habilité déconcertante. La pulsion de
vie/de mort est au cœur de ce roman dont chaque mot semble soupesé et choisi
avec une infinie précaution. L’art de la formule, de la métaphore juste, les
phrases courtes et percutantes rendent l’écriture de Eugenides fluide et lumineuse,
capable d’envolée lyrique comme d’ironie sanglante.
« Cécilia, la plus jeune, treize ans seulement, avait été la première. Elle s'était ouvert les poignets dans son bain comme un stoïcien, et quand ils la trouvèrent flotter dans sa mare rose, les yeux jaunes comme une possédée et son petit corps exhalant l'odeur d'une femme mûre, les infirmiers furent tellement effrayés par sa tranquillité qu'ils restèrent hypnotisés. »
L’histoire de Virgin Suicides est simple et annoncée dès le
titre mais plus le récit avance, plus on découvre la complexité cachée
derrière cette apparente simplicité. Avec une économie de moyen impressionnante,
Eugenides parvient à dépeindre la genèse de ces suicides. De bout en bout, on
est passionné par le destin de ces cinq sœurs et par l’ambiance toujours entre
rêve et horreur qui se dégage du récit.
Pour un premier roman, Eugenides frappe fort, très fort. Il réalise un
pari risqué : raconter une histoire dont nous connaissons déjà la fin.
Cette plongée dans la vie de ces adolescentes et de leur entourage met en
lumière la vie de ces banlieues américaines polissées et dictées par les
apparences. Virgin Suicides est un roman infiniment intime, psychologique,
érotique et à la fois morbide, glauque. Ce contraste fait émerger une dimension
quasi sociologique qui donne de la profondeur au récit.
J'avais depuis longtemps en tête de découvrir Virgin Suicides. Il est désormais inscrit dans ma liste. Merci !
RépondreSupprimerPlaisir garanti =) !
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